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© Seddik EL MRABET

Bonjour à toutes et à tous,


Leçon d’héroïsme pour jeunes et moins jeunes !


Voici l’histoire d’un événement majeur vécu par notre bien aimé village Ouled Ben Jamaâ
Les habitants du village s’apprêtaient à vivre le plus beau moment héroïque de leur histoire commune, quand l’organisation administrative locale de la puissance coloniale les avait convoqués pour saluer le passage du gouverneur militaire colonial à Albiban/AinBarda.
Le jour J, Ils sont partis tôt après salat Fajr avec un secret enfoui en eux partagé uniquement par le regard, personne ne s’est dérobé, ni ne s’est désisté, ils ont pris le chemin de leur destin, sans se préoccuper du destin de leur famille après l’acte majeur de leur défiance à la puissance coloniale, qu’ils s’apprêtaient à accomplir face au gouverneur militaire de la plus grande puissance coloniale.
Alignés parmi les notables de la région, le long du passage du gouverneur, en attendant l’instant opportun, pour crier face au gouverneur le fameux slogan d’allégeance au Roi du Maroc « Acha Ben Youssef !! », se fut une surprise pour le gouverneur qui croyait aller rencontrer les partisans de la colonisation, certes, c’était le cas pour les collaborateurs parmi les habitants des villages avoisinants, mais jamais un seul des habitants de notre village ne s’était désolidarisé de la lutte pour l’indépendance.
Au retour de cette manifestation d’hostilité à la puissance coloniale, le village s’était retrouvé plongé dans l’incertitude de la suite des événements, y aura-t-il destruction du village et massacre des habitants, la rumeur de l’événement a précédé le retour des héros a plongé le village dans un silence de cimetière, certains hommes choisissent de rester au village, d’autres choisissent de s’enfuir.
Quelques heures après, le village est envahi par plusieurs centaines de soldats, certains montés à cheval, d’autres à pieds, armés jusqu’aux dents avec des billonnettes au bout des fusils, pour commencer, ils ont bloqué tous les accès du village, un groupe de soldats à SRAIR, un autre à AMSSALA, un autre à BALLOTA, un autre à HwithaHzar, et un autre à MAWASS.
Le gros des troupes se jetait sur le village et commençait à défoncer les portes des maisons, et foyer partout à la recherche des hommes et des femmes, moi de mon âge de 4 ans, j’étais effrayé par l’attitude sévère et violente de ces soldats, parmi eux des soldats noirs me paraissaient comme des monstres, jamais vus auparavant, même sur les photos, on ne savait même pas s’il existait des hommes noirs, jusqu’à plus tard quand on a vu arriver dans le village le premier noir, ALKOUIL, on pensait qu’il était devenu noir parce qu’il dormait tout le temps sous le soleil !
Quelques-uns parmi lesquels mon père, sont restés hors des maisons dans l’attente des militaires, ils les ont affrontés courageusement avec les cris « Acha Mohammed Ben Youssef », ont été jetés par terre avec l’aide des collaborateurs des villages voisins, et commençaient à les torturer en les frappant avec des cravaches et des bâtons sur le dos jusqu’à épuisement, en leur demandant de dénoncer leurs camarades partis rejoindre la lute armée ou cachés quelque part.
Les soldats qui pénétraient dans les maisons étaient accompagnés des collaborateurs, chargés de piller tout ce qu’ils trouvent dans les maisons, les jarres d’huile d’olive, d’olives confis, des jarres de samette, des paniers de blé, des paniers de fruits secs, raison et figue, des œufs, des jarres de beure, les bijoux, les vêtements et les souliers hommes et femmes, etc …, en laissant les habitants dans le dénouement total.
Le climat de terreur s’est installé sur le village, paradoxalement, on n’entendait pas de cris, ni de pleur pour les hommes qui se font torturer au centre du village, on entendait que le hurlement des chevaux et le bruit métallique des bottes des soldats.
Ce fut l’enfer des héros d’un petit village à 60 maisons, comme aimaient à le répéter ses habitants durant des années, le village incompressible et inextensible, toujours à 60 maisons.


Le calvaire de cet événement d’héroïsme entre un petit village perdu dans le nord du Maroc, sans aucun contact avec la modernité et la première puissance coloniale du monde de l’époque.
Curieux de savoir d’où vient le courage des habitants peu nombreux de ce village, les colons ont appris à estimer la dignité et la haute vertu de ce village unique au Maroc de l’époque.
Cette histoire mérite plus de développement, qui viendra dans un autre papier.


Tayeb

Quelques images qui caractérisent le Douar et la région