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© Seddik EL MRABET

Histoire de maltraitance des femmes dans notre village

Je reviens sur le rôle fondamental de l'école, que tous les éducateurs et enseignants connaissent, dans l'émancipation des peuples, hommes et femmes, à travers l'histoire des peuples, l'école sous sa forme empirique et expérimentale, ou sa forme évoluée depuis l'apparition des religions jusqu'à nos jours, a permis à l'homme de se réaliser et de s'accomplir dans son existence.

Aujourd'hui, l'école d'une part, et l'apprentissage professionnel d'autre part, constitue le moyen le plus sûr de mettre sur la bonne voie de réussir dans la vie, l'individu homme ou femme.

Nous avons tous des souvenirs des scènes de maltraitance des femmes, par leurs époux ignorants et égarés.

Voici une histoire de maltraitance de femme dont j'étais témoins à mon âge de 6 ans, qui m'a marqué à jamais !

La femme originaire d'un autre village dit elamoums (العموم) dont les habitants ne sont pas descendants des saints, souhaitait se marier avec quelqu'un de notre village, dans l'espoir d'engendrer un descendant des saints, comme plusieurs autres femmes de la région qui admiraient notre village, elles venaient souvent  visiter le village comme dans un pèlerinage, en espérant s'approcher de l'arbre généalogique des saints habitants du village.

Elle s'est installée avec fierté et enthousiasme parmi les habitants, en essayant de s'enraciner dans le milieu, elle rendait visite le plus souvent possible, à toutes les familles originaires du village, en proposant de l'aide et des services pour s'intégrer davantage et gagner son adhésion dans le tissus social local.

Elle a fini par trouver chaussure à son pied et s'est marié sauf que l'heureux élu était tout sauf un saint. Après quelques années de vie commune, pensant son enracinement acquis grâce aux enfants qu'elle avait eu, elle commençait à défier son mari, en oubliant que c'est un homme ignorant les règles de respect familial, et que lui-même vivait en marge de la société.

La violence commençait à envahir leur foyer, et se faisait entendre partout dans le village. Un jour, son mari ne pouvant plus la supporter, a tenté de la corriger physiquement et ça devenait une habitude. Alors, ne pouvant plus supporter d'être frappée sans cesse, elle tenta de le fuir et se dirigea vers le centre du village en criant "OH Chorffa ! Votre cousin est un animal, il me traite comme un animal, il n'arrête pas de me frapper, je demande votre protection !"

Les quelques hommes présents sortis de la prière d'asr, ne prêtaient aucune attention au drame qui se jouait devant eux, indifférents à l'appel au secours de la femme. Ils ne tentaient pas de blâmer le mari de la femme ni même de l'arraisonner pour calmer la situation. Le mari, prenant leur indifférence pour un encouragement à la corriger davantage, et dans un élan de machisme absurde et sauvage il sauta sur sa femme en la jetant par terre et en la rouant de coups. Et comme cela ne lui suffisait pas, il lui creva les yeux avec un morceau de bois, rendant la femme aveugle immédiatement dans une souffrance atroce et insupportable même pour ceux qui assistaient à cette scène horrible.

Les hommes présents se rendaient compte de leur indifférence criminelle et coupable, ont fini par maitriser l'homme et le frappant, mais à quoi bon. C'était trop tard pour la pauvre femme. Elle fut condamnée, une fois la douleur physique passée et les plessures sicatrisées, à pleurer sans larme et en silence toute sa vie.

Je n'ai jamais oublié cette scène horrible et dramatique d'injustice envers les femmes !

Je partage ce souvenir douloureux pour encourager les garçons et les filles de notre village à aimer leur école qui leur permettra d'être émancipés de la tutelle quelle qu’elle soit.

Tayeb

Quelques images qui caractérisent le Douar et la région